Connaissez-vous la glossophobie ?
- Sabine Laurent
- 24 févr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 juil.

La peur de parler en public, ou glossophobie, constitue l'une des anxiétés les plus répandues dans nos sociétés modernes. Elle touche environ 75% de la population selon les études spécialisées, dépassant même la peur des serpents ou d'autres grandes peurs dans certaines enquêtes comportementales. Ces statistiques révèlent à quel point l'exposition au regard d'autrui peut générer une angoisse profonde et viscérale. Mais d'où vient cette crainte si universelle et comment la comprendre pour mieux l'apprivoiser ?
La glossophobie trouve ses origines dans trois mécanismes psychologiques fondamentaux : la peur primaire, les fragilités de l'estime de soi et l'appréhension de l'inconnu.
La peur primaire, l'une de nos émotions les plus anciennes, agit comme un mécanisme de protection ancestral hérité de notre évolution. Dans un contexte primitif, les dangers sont réels et il faut apprendre à y échapper en combattant courageusement ou en fuyant si le danger est trop important pour nous-même. Notre cerveau a conservé cette programmation archaïque et salvatrice. Le problème réside dans l'incapacité de notre système nerveux à distinguer une menace réelle d'une menace imaginaire : il réagit avec la même intensité dans les deux cas, déclenchant une cascade de réactions physiologiques destinées à nous protéger. Accélération cardiaque, transpiration, tremblements, voix qui tremble, gorge serrée... autant de symptômes que reconnaîtront ceux qui ont déjà affronté un public.
L'estime de soi joue également un rôle majeur. Ce deuxième mécanisme qui se met en place dans ces moments de grande peur est lié au regard d'autrui : cette sensation d'être observé, scruté, analysé peut devenir rapidement oppressante. S'y ajoute la crainte d'être jugé négativement, de ne pas correspondre aux attentes, ou encore la peur paralysante de se tromper et de révéler publiquement ses failles. Dans nos réflexes ancestraux, être exclu du groupe équivalait souvent à une condamnation à mort. Et même à l'heure actuelle, on connaît la force du jugement social et des phénomènes de moquerie ou d'exclusion amenant souvent des drames psychologiques qui marquent les individus, leur coupant les ailes dans les prises de parole.
L'appréhension de l'inconnu joue aussi un rôle majeur : ne pas savoir comment le public va réagir, quelles questions seront posées, ou comment gérer les imprévus. Plus on a besoin de contrôler, plus ces moments peuvent devenir véritablement terrifiants pour de nombreuses personnes. L'angoisse face aux conséquences d'un éventuel échec peut également créer une spirale négative où l'anticipation devient plus paralysante que l'échec lui-même.
Certaines situations peuvent considérablement intensifier cette anxiété naturelle. Un public perçu comme hostile ou particulièrement expert dans le domaine abordé génère une pression supplémentaire. Les enjeux professionnels importants - promotion, recrutement, présentation décisive - créent une angoisse de performance qui peut inhiber nos capacités naturelles. L'implication émotionnelle forte dans le sujet traité, ou encore le fait d'être seul orateur face à un auditoire nombreux, sont autant de facteurs qui peuvent transformer une simple appréhension en véritable panique. La configuration de l'espace, l'éclairage, la disposition du public influencent également notre niveau de stress.
Chaque personne vit cette peur différemment car notre rapport à la prise de parole est intimement façonné par notre histoire personnelle, nos expériences formatrices et notre vécu relationnel. Les premières expériences scolaires, les remarques reçues pendant l'enfance, les modèles familiaux de communication jouent un rôle indéniable dans la construction de cette anxiété. Une seule expérience traumatisante peut créer une appréhension durable dans des situations similaires. Je l'ai souvent observé dans mes accompagnements et c'est là qu'un travail spécifique est nécessaire. Tout comme une personne ayant vécu un accident de vélo peut redouter durablement de remonter en selle, quelqu'un ayant subi une humiliation publique ou un trou de mémoire embarrassant peut développer une anxiété persistante face à l'exercice oratoire. Nous sommes faits ainsi.
L'excellente nouvelle est que la glossophobie n'est pas une fatalité. Comprendre ses mécanismes neurologiques et psychologiques constitue la première étape indispensable pour la surmonter efficacement. Cette peur, aussi intense soit-elle, peut être transformée avec les bonnes techniques et un accompagnement adapté aux spécificités de chaque personne pour s'en libérer et reconsidérer ainsi complètement nos prises de parole avec beaucoup plus de liberté !
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