Les 3V de la communication

En 1971, Albert Mehrabian, professeur de psychologie à l'Université de Californie, publie une étude qui va marquer durablement notre compréhension de la communication orale. Ses travaux, connus également sous le nom de "la règle des 3 V" (Verbal, Vocal, Visuel), proposent une analyse chiffrée de l'impact de différents éléments dans la transmission d'un message : les mots représenteraient 7%, le ton de la voix 38%, et le langage corporel 55%.

Cependant, cette étude fait régulièrement l'objet d'interprétations erronées et de généralisations abusives. Nombreux sont ceux qui ont extrapolé ces pourcentages à toute forme de communication, affirmant que le non-verbal primerait systématiquement sur le contenu verbal. Une déformation qu'Albert Mehrabian lui-même a tenu à corriger. En effet, ces proportions ne s'appliquent qu'à la communication des sentiments, et uniquement dans des situations où il y a incohérence entre les différents canaux.

Malgré ces dérives interprétatives, les travaux de Mehrabian nous apportent deux enseignements majeurs. Le premier concerne l'importance indéniable du visuel dans notre communication interpersonnelle. Le second, peut-être tout aussi crucial, introduit le concept de "congruence" : pour qu'une communication soit vraiment efficace, ces trois canaux (verbal, vocal et visuel) doivent être en harmonie. Lorsque cette congruence est absente, notre message risque de perdre en crédibilité et en impact. Par exemple, une personne qui prononce des paroles bienveillantes tout en adoptant une posture fermée ou hostile créera une dissonance troublante chez son interlocuteur. Cette incohérence brouille le message. Comme le souligne Mehrabian lui-même : si les mots et le langage corporel ne sont pas d'accord, on a alors tendance à croire le langage corporel.

On sait d'ailleurs que la communication non verbale est généralement celle que nous maîtrisons le moins. Notre corps exprime nos intentions et révèle nos sentiments authentiques. Lorsqu'une personne affiche un sourire contraint, des bras croisés ou un regard fuyant tout en tenant un discours positif, notre cerveau détecte immédiatement la contradiction et se fie instinctivement au non-verbal.

"Les éléments non verbaux sont particulièrement importants pour communiquer les sentiments et l'attitude, surtout lorsqu'ils sont incongrus : si les mots et le langage corporel ne sont pas d'accord, on a tendance à croire le langage corporel." - Albert Mehrabian

Autrement dit ? Dans la communication, tout compte. Chaque canal a sa valeur selon le contexte. Réduire ces travaux à de simples pourcentages est une erreur que même Albert Mehrabian a passé des années à combattre.

Pourtant, ces raccourcis persistent. Ils occultent la véritable richesse de cette découverte : l'importance de la congruence.

Restons donc dans la nuance et fidèles à l'esprit de ces travaux sur la communication humaine !

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